166 - Boudenib, étape 2, adrénaline annuelle !

Publié le par Le Pari des Gazelles

Une histoire sympa maintenant ! eh oui comme vous savez tous comme vous avez bieeeeen suivi le site du rallye pendant le rallye des gazelles, il y avait cette année un équipage masculin sur le rallye, sponsorisé par Isuzu TV, la voiture 199 !!

L'idée était que les premiers fassent le prologue + les 2 premières étapes du rallye ; qu'ils soient ensuite remplacés par 2 anciennes gazelles (en les personnes de notre chère Aude Barreau (aka madame pâtes au pistou) et sa gazelle) qui feraient l'étape marathon + une étape, et qu'enfin elles seraient remplacées par 2 autres gazous qui feraient la fin du rallye (une étape d'une journée + dernière étape marathon).

 

La première équipe masculine : David Casteu, pilote moto qui officiait comme pilote. Eric Loizeau, navigateur de bateau, devenu pour l'occasion navigateur de voiture. Lorsque nous avons cassé, à la deuxième étape, nous étions désespérées car nous avions opté pour une stratégie fructueuse jusqu'alors : au début prendre toutes les pistes pour gagner du temps, aller le plus rapidement possible jusqu'à la 5e balise. Prendre beaucoup d'avance, ce qui allait nous permettre de faire les dernières balises au cap en prenant notre temps et l'assurance de toutes les avoir pour ne pas prendre de points de pénalité. 

Pourquoi avions-nous opté pour cette stratégie : ce jour-là l'étape se déroule au sud de Boudenib, des plateaux gigantesques mais traversés par des oueds dangereux très très profonds donc : une étape de navigation pure, avec des pièges puisqu'une fois sortie de l'oued, tu sais plus exactement où tu es ressortie par rapport à ton cap, et en même temps dangeureux en conduite puisqu'il y a quelques cailloux bien aiguisés... mais en gros si tu te plantes en navigation, impossible de te repérer car il n'y a aucun point de repère.

En regardant le roadbook, avec ses balises et son temps de parcours, on voyait qu'il y avait de très grandes distances à parcourir, et 8 balises à taper dont la 5 très très loin, ce qui équivalait à une étape de 11h50... en partant à 6h du mat et en étant très optimiste, ca voulait dire qu'on attrapait la dernière pile à l'heure... 

 

Maaaaaaais le sort en avait décidé autrement... Ainsi donc nous arrivons à la Balise n°5, premières de notre groupe, et nous en sommes convaincues (quoi la confiance), nous avons pris de l'avance, et alors que je sors pour prendre le cap, j'entends un bruit, comme quelqu'un qui fait pipi contre la voiture... je me tourne et là, cauchemar, le liquide de refroidissement coule sous le capot abondamment... le même liquide vert fluo qui s'échappait lorsque nous avons cramé sur l'autoroute de Tanger.

Euh Marie, je crois qu'on a comme un problème là... Tu sors 2 secondes ? 

Olalalah... Marie, meilleure en 4x4 que moi, me sert sa pire tête ; "dis is not good my friend". Malgré mon inépuisable optimiste qui peut à la longue être très irritant j'imagine, je vois bien à la mine de Marie qu'elle est vraiment inquiète. En passant sous la voiture elle essaie de trouver d'où vient la fuite, elle a du liquide partout sur les manches, le visage, le pantalon, ça coule, ça coule, ça ne s'arrête pas... comme enseigné par Maienga on sort un sac plastique pour récolter le liquide et qu'il n'aille pas dans la terre.

"Je vois la fuite" dit Marie. c'est une des 2 fixations du bas du radiateur qui a cédé, et le liquide s'écoule par là. On essaie de reboucher le trou avec ce qu'on a, gaffeur, rilsans*, scotch, mais rien n'y fait, tout cède... on commence à desespérer et le pointeur a côté de nous aimerait bien nous aider mais il n'y a rien à faire... nous sommes en plein soleil il doit être 10-11h du mat, nous sommes toutes les deux collées par la sueur et le liquide de refroidissement, et ça y est il n'y a plus d'eau dans le radiateur, quand tout à coup... on entend arriver une voiture "aaaah cool, on va pouvoir demander aux filles si au moins elles ont un truc pour colmater la fuite"...

et quand "les filles" arrivent... ce sont en fait les garçons ! aurait-on pu être plus heureuses qu'à ce moment-là ?? 

En deux minutes on leur explique le problème, et David, notre motard, nous dit qu'il faut appeler l'assistance. Fortes des points de pénalité que nous avons pris la veille, on lui dit qu'il est hors de question qu'on fasse ça et qu'on veut réparer nous même pour ne pas se prendre les points... "bon, ok... dans ce cas, il faut démonter".

Marie pendant ce temps, part avec Claire (M+FGirbaud) à sa voiture, les filles étant sur le même parcours que les gazous, et ayant échoué elles aussi à notre balise, mais ayant cependant parcouru "2km" à pied pour ne pas faire de kilomètres en trop si ce n'était pas leur balise. Bonne opération puisque ce n'est effectivement pas la leur. Elles sont avec Corentine et Florence qui elles peut être auront du colmateur. 

Je reste avec David avec qui nous démontons le radiateur à l'aide d'une grosse pince... Je mets assez longtemps à comprendre ce qu'on va faire exactement et suis rassurée d'avoir un pro comme lui à notre secours "il faut qu'on fasse passer le ventilateur du chauffage sur le radiateur ?" "mais non... on va blablablabla" "ah d'accord, en fait on va faire... c'est ça ?" "non non, t'as pas compris..."

Marie n'est pas là, David se tourne et me dit "tu n'oublies pas tout ce qu'il faut remettre en place une fois que tu remonteras le radiateur, d'accord ?" oooooooooh punaise... alors... je défais les vis, j'ai mis les deux cales en arrière faudra pas les oublier, avec les goujons + anneaux en plastique... il y a DEUX durites à remettre... ne pas oublier de serrer les colliers de serrage, 2 sur chaque... everything under control... remettre les capteurs de température, bien enclencher le radiateur dans les cales...

bref  on démonte tout, le radiateur est au sol, et c'est le moment que choisissent les canadiennes pour arriver... ah nos chères canadiennes Marie-Christine et Sandra (107) et elles sont tellement bien équipées !!! Colmateur, mais bien sûr qu'elles ont ! et brosse à cheveux de fer pour nettoyer la peinture et bien nettoyer autour du trou pour qu'on puisse faire une SOUDURE A FROID qui tiendra le coup... oui c'est bien une soudure à froid. avec de la pâte qui devient dure comme du béton. merci les filles !!

c'est un peu comme si on faisait une opération chirurgicale sur un petit vieux (le radiateur a déjà bien vécu selon David) : d'abord on nettoie bien la plaie autour de la fixation du radiateur, on enlève toute la peinture pour que le fer soit "à vif", ensuite le Doc dit "pince", "pate", "chauffe plus"... Et Jean-Claude le caméraman qui comme par miracle nous a trouvés et filme tout "vas-y Clémentine, dis-le qu'on a toujours besoin d'un homme"

Avec la salive, la pâte durcit. "tu laisses sécher, et tu remontes le radiateur, ok ?" Il a tellement confiance en moi que je me dois de répondre "oui" avec assurance. Merci les gars, nous ne vous remercierons jamais assez ! Sans vous c'était l'assistance !!

Les 179 sont arrivées, les Paybox : Fabienne et Marilyne... Marie, elle, n'est toujours pas rentrée... Jean-Claude : "Clémentine, ça fait combien de temps qu'elle est partie Marie ?" "eeeeuh... c'est vrai que ça commence à faire long..." Le pire, c'est que comme le radiateur sèche, il est impossible d'aller chercher Marie avec la voiture ! Je commence à m'inquiéter et envoie les organisateurs en éclaireurs...

Vingt minutes plus tard, alors que nous venons de réparer le radiateur et de le remettre en place avec Fabienne et Marilyne devant la caméra de Vox Africa, Marie réapparaît, épuisée, partie depuis une heure, la voiture était en fait garée beaucoup plus loin que ce qu'avait dit les filles, et elle a vraiment eu chaud et peur (c'est la canicule, et il n'y a pas de vent).

"Marie, c'est bon ! on peut repartir, c'est réparé !! on peut continuer le rallye !" Une fois remises de nos émotions (enfin surtout Marie qui a cru qu'elle allait finir sécher sur une pierre en plein Boudenib), on décide de se remettre en route ; toutes les filles sont parties ou presque.

On calcule rapidement : on peut encore taper toutes les balises si on la joue bien. et c'est parti. avec un arrêt tous les 15-20km pour faire refroidir le moteur, on a toutes les fois peur de vérifier si notre réparation tient... et elle tient. Résultat, on top la balise 6 en premières ex-aequo avec un autre équipage !!! incroyable !!

On fonce à la 7, n'en revenant pas de notre chance. Pas le temps de prendre notre temps on décide de descendre à la 8, suivant la route jusqu'à la bifurcation que nosu avons empruntée le matin même pour cette fois prendre une piste que je connais pour nous avoir causé pas mal de misères avec Sophie...

Très bon choix, on reste bien sur les pistes, en duo avec les Nudant... quand tout à coup Marie dit la phrase qui nous hante tout le rallye : "on chauffe." On s'arrête, les Nudant s'arrêtent derrière nous, alors que nous sommes à 10 km de la balise, à 30 minutes de la fermeture... les filles nous donnent leur eau pour notre radiateur et filent. Nous décidons de renoncer à la dernière balise pour sécuriser notre retour au bivouac et assurer un futur à notre troisième coéquipière... Il doit y avoir une piste à un ou deux kilomètres, qui traverse le massif montagneux et qui nous ramène droit au bivouac. On la trouve, soulagement, il fait encore jour et nous pouvons rentrer doucement. Mais la piste est en fait un cauchemar : certainement pas empruntée depuis de nombreuses années, les traces n'existent plus que par le poids que les pneux ont exercé sur les pierres qui se sont donc enfoncées dans la terre. des pierres énormes, des pavés, des dalles, des formes coupantes, des montées presque en escalier... nous qui avons peur de pousser la voiture c'est le pire des scénarios possibles... Il est impossible de faire demi tour car nous sommes sur des chemins de montagne et tout est très rocheux. Je passe devant à pied, très inquiète, et Marie gère derrière sans paniquer... Arrivées tout en haut de la montagne, nous nous retrouvons dans la "descente de la mort"... ça doit être une descente à plus de 90°, et on aperçoit au fond le bivouac. Le supplice !!

Une fois en bas, on reste sur les pistes et on arrive, sans la balise 8 mais saines et sauves, au bivouac. 

 

*je sais pas vous dire combien de temps j'ai cherché le mot "rilsan" sur internet, ca me rappelle l'histoire du "silent block" ou "cylindre bloc" qu'on avait cassé avec sophie... et on savait pas si c'était l'un ou l'autre !!

Publié dans Edition 2010

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